Rostang de cabre
ROSTANG DE CABRE
=> orthographié aussi Rostaing de la Capre
Adapté à partir d'un texte de Magali Vialaron-Allègre du "pas à pas" N°11
C'est un nouveau voyage dans le temps que nous propose LE COLLAGE EN TROMPE L’ŒIL de la Place Farreyroux (à l'entrée du château de l'Empéri), inaugurée jeudi 29 juin 2017.
A l'étage, une fenêtre s'ouvre sur un personnage improbable,ARCHEVÊQUE ? JURISTE ? Peut-être les deux à la fois.
La ville d'Arles et son ARCHIDIOCÈSE est, depuis le début de la chrétienté, à la pointe, avec Lyon, de la christianisation du territoire qui allait devenir la France
Les ARCHEVÊQUES D'ARLES sont les premiers seigneurs de Salon, ceux qui ont construit LE CHÂTEAU DE L'EMPERI et en ont façonné l'image tout au long des siècles. Parmi eux, la municipalité a voulu honorer l'un des fondateurs de la bâtisse du XIIIe siècle telle que nous la voyons aujourd'hui, il s'agit de Rostang de Cabre, ce mystérieux personnage à la fenêtre.
LOUIS GIMON* nous dit que l’archevêque Rostang de Cabre est natif de Grans, professeur de droit à Aix,CHANOINE d’Arles, archevêque de Salon (1286-1303), il aurait également contribué à la construction du château de l'Empéri.
C'est lui qui, le 8 mai 1293, dresse les nouveaux statuts municipaux de Salon, (Statuto Municipalia Castri Salonis) accordant davantage de droits à la population. Selon Gimon : «Une cour de justice avait été instituée à Salon, avec juridiction sur la ville et sur son district, qui comprenait Grans, Cornillon, Confoux, Saint-Chamas, Alleins, Aurons, Vernègues, Saint-Mitre, Château-Vieux, Vacquières, Saint-Martin, Palud-Majeur.
L’administration s’y composait, au XIIIe siècle, de quatre SYNDICS et de douze conseillers, tous élus annuellement par l’universalité des habitants chefs de maisons. Au corps municipal, était attaché un officier nommé par les archevêques, qu’on appelait «vicarius», VIGUIER à Salon, et «bajulus», baïle, dans les autres lieux du district. Ce fonctionnaire présidait à l’élection annuelle des syndics et des conseillers, les installait, autorisait les conseils et y assistait ; il faisait en outre la police de la ville, conjointement avec les syndics. Le syndicat et le conseil municipal étaient composés de nobles, de bourgeois, de médecins, de notaires, d’avocats ; on y admettait aussi les marchands, les revendeurs, les bouchers, les menuisiers et les autres artisans ; ces derniers, dans les actes qui les concernent, sont qualifiés de « probi viri », PRUD'HOMMES».
Au fil des siècles, cette organisation municipale, qui donnait aux Salonais une part importante, devait attirer la défiance, voire l’animosité des archevêques d’Arles**.
Après diverses transactions, c’est une BULLE de l'antipape BENOIT XIII, qui, le 24 novembre 1404 accorde, à nouveau, aux Salonais, le droit de pouvoir élire, chaque année, deux syndics, un assesseur ou avocat, huit conseillers, un trésorier et un notaire (à savoir le greffier de la cour). L’archevêque, de son côté, doit nommer deux autres conseillers, pris parmi les habitants de Salon (la présence de l’un de ces conseillers, au moins, est indispensable pour que la décision prise par le conseil soit valable). Les syndics sont choisis parmi les notables, une large place est faite aux marchands. Ils ont la haute direction de la police rurale et urbaine et des services correspondants à la voirie, aux travaux publics, aux poids et mesures, la surveillance de LA BLADERIE***, de la boucherie, des fours, des marchés et des maisons de prostitution.
Le conseil municipal se compose de dix membres : deux sont nommés par l’archevêque ; les autres sont choisis parmi l’assemblée des notables. Les ressources communales ordinaires sont constituées par les revenus des biens communaux. Mais ces revenus étant tout à fait insuffisants pour faire face aux charges qui pèsent sur la ville, nécessité était de recourir à des ressources extraordinaires telles que TAILLE (IMPÔT), GABELLES, REVES, VINGTAINS, SOQUETS et autres impositions****.
Cette organisation municipale s’est maintenue jusqu’en 1581 (date à laquelle les Syndics sont devenus des CONSULS).
En 1986, La ville de Salon, par son maire JEAN FRANCOU, reconnait le rôle essentiel de Rostang de Cabre dans l'institution municipale, et donne son nom au salon d'honneur de l'Hôtel de Ville.(délibération du 20 décembre 1985
* GIMON (Louis), Chroniques de la ville de Salon, Aix-en-Provence, 1882, p 51
** A l’issue du conflit qui opposait les Salonais à Etienne de la Garde, Salon dut renoncer, le 17 mai 1354, à toute organisation municipale, à toute ombre de communauté.
*** On appelait bladerie une redevance perçue à l’occasion du pesage du blé destiné à la vente, et par extension le lieu où se faisait cette opération.
**** BRUN (Robert), La ville de Salon au Moyen Age, Aix-en-Provence, 1924, p 195 à 216

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