Installation bacino juin 2021
Installation d'un fac-similé du Bacino (portail Sud de la collégiale Saint-Laurent)
Implantation sur la façade

Enlèvement de l'original

Vue d'ensemble

Détail du centre

En 2008, clos et couvert de la collégiale Saint Laurent ont été restaurés, la pierre retrouvant sa couleur d'origine, le toit retrouvant son étanchéité et les arbres qui y avaient pris racine disparaissant.
Un échafaudage immense permettait alors l'accès aux parties hautes de l'édifice. Plusieurs découvertes furent alors faites dont un "bacino".
Qu'est-ce donc? Les dictionnaires italien-français diront que c'est un "bisou" ou encore, et c'est là le cas, un "bassin"!
Si ces éléments décoratifs sont fréquents en Italie, il y a bien peu de bacini sur les édifices français du continent.
Alexandre Nicolaï et Lucy Vallaury identifiaient en 1985, cinq bâtiments qui en étaient ou avaient été décorés1.
En 2008, Salon s'ajoutait à la liste! La Corse dénombrait 11 édifices ainsi ornementés.
Un bacino est une coupelle de forme ouverte qui décore les murs de pierre ou de brique des bâtiments civils ou religieux. On ne sait si l'utilisation de ces coupelles brillantes avait une signification religieuse, ou si elle montrait la richesse des propriétaires des lieux.
Dans le Sud Ouest, la grande maison romane de Saint Antonin Noble Val, dans le Tarn et Garonne, flanquée d'une tour porte les traces de quatorze emplacements de bacino. Malheureusement, il n'en reste qu'un fragment et, dans son "Dictionnaire du Mobilier Français", Viollet le Duc présente le dessin d'une coupelle aujourd'hui disparue, dont les motifs indiqueraient une origine malaguène: on y voit un décor géométrique, comportant fleurs et graphismes arabes.
Dans la région de Nice, deux édifices sont ainsi décorés, ce qui ne surprend pas puisque ces décorations sont très largement antérieures à 1860! A Peille, c'est un aussi un bâtiment civil qui porte les traces de quatre bacini, cavités réceptrices, mais plus de trace du décor…. L'église Saint Véran d'Utelle comporte cinq emplacements de céramiques, au dessus de sa façade ouest. Quatre céramiques, de diamètre voisin de 20cm sont en place. Les dessins de type islamiques sont d'un dessin moins complexe et travaillé qu'à St Antonin.
A Pont-Saint-Esprit, un bacino hémisphérique de 16cm de diamètre, orné de feuillages stylisés, au style hispanique est en place dans l'écoinçon d'une ouverture géminée sur la façade de la maison des Chevaliers.
S'il est un endroit où l'on n'attend pas de décoration, c'est bien Silvacane, la Cistercienne. Pourtant la façade ouest porte la trace de 3 bacini. Cela montre les échanges que les Cisterciens pouvaient avoir avec le bassin méditerranéen.
Quelle signification? Symbole trinitaire? Est-ce simplement le renvoi de la Lumière de l'abbaye vers les Baux? Est-ce une reconnaissance envers Raymond des Baux, initiateur de l'abbaye, Guillaume, Seigneur de la Roque d'Anthéron et Raymond Bérenger, marquis de Provence qui la dotèrent généreusement? Un autre emplacement se trouve au dessus de la porte de l'armarium.
A Salon, le bacino a été trouvé sur la façade sud du clocher de St Laurent, sur son montant sud-est. Il n'y a pas ou plus de symétrie dans la décoration, comme on a pu le voir sur les autres constructions: il ne faut pas oublier les nombreux effondrements du clocher, ou encore la fissure qui, en 1909, nécessita le démontage avant reconstruction. Donc, pas de trace d'un autre bacino sur le montant sud-ouest. Mme Vallauri découvrit donc son sixième site lors des travaux! Fixée par trois pattes métalliques, la coupelle semble avoir été disposée sans grand souci de verticalité du personnage représenté: un personnage de type persan, avec un bonnet. La céramique a lustre métallique du XIIIème siècle est probablement d'origine arabo-andalouse. Trace d'échanges commerciaux? Faut-il voir dans son motif le même symbole d'éloignement que celui suggéré par les sculptures diaboliques que l'on trouve sur certaines églises romanes? La coupelle, prélevée lors des travaux a été déposée au musée, pour restauration curative (pour stopper ses dégradations dues à une exposition longue aux intempéries, et de la conserver dans de bonnes conditions au sein des collections du musée) selon décision municipale du 12 juin 2009. Notre association soutient l'idée de la reproduire et de remettre le facsimilé à l'emplacement d'origine. Le musée étudie actuellement les techniques possibles pour une reproduction. De fait, il sera bien difficile de distinguer les détails, mais on jugera ainsi de l'effet de renvoi de lumière
Article de Marc Brocard paru dans le Pas à Pas n° 7 de mars 2016 (page 3)
Lien vers les photos de Marc Brocard dans la galerie














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