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SUZANNE DE VACQUEROLLES MAGNIFIEE
Les Guerres de la Ligue à Salon de Provence 1585-1599
Par Magali VIALARON-ALLEGRE
Sur la place Farreroux, en face de l'entrée du château, une FAÇADE illustre deux figures de l'histoire de Salon de Provence. La technique employée est le MAROUFLAGE. Il s’agit de peindre sur une toile particulière le sujet choisi, et de coller cette toile sur le mur. La toile choisie est une matière spéciale, utilisée dans le milieu du bâtiment. Très solide elle sert à protéger et isoler les façades des maisons.
L'une des figures se trouve être un personnage des cruelles Guerres des religions, la jeune aristocrate du XVIe siècle, Suzanne de Vacquerolles.
Alors que la Provence était restée à l’écart des actions des grandes armées des deux partis (huguenots et catholiques), elle s’engage dans la lutte à la suite de LA PAIX DE BEAULIEU EN 1576 car puissantes sont les rivalités entre le nouveau gouverneur, le comte de Retz et son lieutenant général, LE COMTE DE CARCES, chef d’une puissante maison provençale.
Sous couvert de religion, c’est contre le pouvoir royal que vont se rassembler les partisans de Carcès, qui vient s’établir au CHÂTEAU DE SALON, d’où il va diriger la faction.
CATHERINE DE MEDECIS, pour tenter de mettre fin à cet état de choses, nomme comme gouverneur de Provence, le grand prieur, HENRI D'ANGOULEME, fils bâtard d’Henri II. Homme de lettres, Henri d’Angoulême aime à séjourner au château de Salon qu’il embellit. On lui doit la construction de la porte d’entrée aux armes du roi, aux siennes et à celles de la ville.
Le 2 juin 1586, le grand prieur Henri d'Angoulême est assassiné, LE DUC D'EPERNON, puis son frère La Valette prennent sa suite, tandis que le Duc de Guise, lieutenant général du royaume impose à Henri III une Ligue intransigeante.
RAOUL BRUNON rapporte que vers la fin de 1589, le parti de la Ligue décidant d’entreprendre le siège de la ville [la seule à être restée royaliste), BERNARD DE NOGARET (La Valette) envoie au château un renfort de troupes commandé par le gascon La Hittaire.
L’armée de la Ligue paraît devant les murs le 26 janvier 1590, sous les ordres du jeune comte de Carcès, fils de l’ancien chef catholique. Il s’empare de la première enceinte, c’est à dire du faubourg et échoue devant les solides murailles de la vieille enceinte du XIIIe siècle. L’arrivée de Lavalette avec l’armée royale décide Carcès à la retraite.
Pendant le siège, un secours de 250 arquebusiers a été introduit au château par une POTERNE à laquelle on parvient par un chemin fortifié protégé par une BARBACANE. Cette poterne avait été édifiée par Lavalette. A la fin de cette même année,CHARLES EMMANUEL DE SAVOIE vient assiéger Salon à l’appel des ligueurs. Une vigoureuse canonnade ouvre une brèche dans la muraille du faubourg. Après sept jours de résistance, la ville capitule à la suite de l’écroulement spontané d’une partie de l’enceinte de la vieille ville, sous l’action des pluies.
La garnison espagnole d’Emmanuel de Savoie, qui tient le château, quitte la ville en 1593. Mais Salon reste sous l’autorité des ligueurs, qui imposent comme gouverneur Nicolas Courthauld de Saint-Roman
L’abjuration D'HENRI IV en 1593 entraîne des revirements : Carcès, ligueur intransigeant se rallie au parti royaliste, tandis que le duc d’ Epernon, qui après la mort de son frère Lavalette (tué d'une balle dans la tête dans les combats de Fréjus), avait repris le gouvernement au nom du roi, se jette, mécontent dans le parti de la Ligue.
En 1595, le comte de Carcès, désormais royaliste..., enlève Salon par surprise, avec la complicité des habitants. Mais Saint- Roman réussit à se réfugier au château, avec sa garnison. Le duc d’ Epernon (devenu partisan de la ligue...) met le siège devant Salon, prend les faubourgs, mais n’osant s’attaquer aux solides murailles du XIIIe siècle, se retire.
Saint-Roman tente alors de s’enfuir, il s'évade par le conduit d'un lieu d'aisance (qui existe toujours), le long de la grosse tour. Mais en sautant du rempart., il se blesse à la jambe, il est alors transporté par ses fidèles au couvent des Cordeliers, puis à Rognes auprès du duc d’ Epernon.
Dix jours après, la garnison se rend au comte de Carcès. Le siège du château a duré 64 jours.
Quatre ans après, le 20 avril 1599, LE DUC DE GUISE, nouveau gouverneur de Provence, restitue définitivement le château à l’archevêque.
On peut se demander ce que la belle Suzanne de Vacquerolles est venue faire dans cette galère. Elle est, en réalité la nièce du gouverneur Courthaud de Saint Roman et elle a accompagné son oncle dans le siège du château de l' Empéri.
Voilà ce que Gimon nous en dit : « Suzanne, par l'oubli d'elle-même et par sa sollicitude pour les autres, relevait tous les courages défaillants, elle soignait les malades et les blessés. Lorsque Saint Roman décida de s'enfuir, Suzanne resta avec les soldats pour partager leur sort. Quand le Comte de Carcès reçut la capitulation de la garnison du château, il fut saisi de pitié et d'admiration devant l'état de la troupe et traita Suzanne de Vacquerolles avec les plus grands égards et avec les honneurs de la guerre.».
Forte de la mémoire collective de cette héroïne, la population salonaise, reconnaissante, a attribué le nom de Suzanne de Vacquerolles à une rue du quartier du Pilon Blanc.
Aujourd'hui, cette façade fait écho au bâtiment en face de l'entrée du château et de l'ancienne conciergerie, (à l'origine, le tribunal de justice construit au début du XVIIe siècle par l'archevêque FRANCOIS DE GRIGNAN, la municipalité a voulu rendre hommage à cette personnalité qui nous invite à découvrir l'histoire de notre ville.

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