UN HOMME EN COLÈRE
Il y a quelques jours, un petit voisin me demandait quel était ce «bonhomme» en colère que l’on a honoré d’une statue, posée au beau milieu d’un rond point. Alors naïvement, je me suis dit qu’il n’était sans doute pas le seul à se poser cette question. J’ai un peu fouillé dans mes bouquins et vais vous dire son histoire.
Il s’agit de Camille Pelletan, né et mort à Paris (1846-1915).
Journaliste politique opposé au régime de Napoléon III, un peu excentrique, il devient député des Bouches du Rhône en 1881. En 1912, il est élu sénateur. Figure de proue de l’extrême gauche, actif dans les projets de séparation de l’Eglise et de l’Etat, de l’instruction primaire laïque, gratuite et obligatoire, il mène un combat anticolonialiste. Mais, nul n’est parfait, il était anti-Dreyfusard…
Ministère Combes 1902
Il sera nommé ministre de la Marine 1902-1905.
Radical-socialiste, franc-maçon, il est souvent décrit comme un bohème, «le linge négligé, mais le bon mot et le cœur sur la main».
Il éprouve une grande attirance pour notre région, et particulièrement pour Salon : c’est ici qu’il recueille le plus de suffrages en 1881.
Il visite notre ville à plusieurs reprises :
- 3 septembre 1902,
- 28 juin 1903 (inauguration du monument aux morts de la place Gambetta),
- 12 août 1904
- 14 octobre 1906 un banquet est offert à monsieur Pelletan pour fêter ses 25 ans de mandat législatif.
- 13 juillet 1909 félicitations et remerciements de la commune pour la part prise dans l’aide aux victimes du tremblement de terre.
Il a également pris partie pour l’installation de tribunal de commerce dans notre cité.
A sa mort, le maire propose au conseil municipal de "désigner une délégation chargée de porter à Mme Veuve Pelletan les respectueuses condoléances de l’Assemblée municipale, d’assister aux obsèques et de déposer une couronne sur la tombe du vaillant et ferme démocrate. Le Conseil Municipal, considérant que, comme député et comme sénateur le regretté et éminent citoyen Camille Pelletan défendit toujours les intérêts de la région avec une inébranlable fermeté…"autorise le maire…"
LA STATUE
Place de la Grippe, aménagée et agrandie en 1836, la ville sort de ses murs… Elle porte ce nom à cause de son emplacement exposé au mistral. En 1870, elle est agrandie et ornée de platanes, elle devient «place Eugène Pelletan» en hommage à l’homme politique qu’était le père de Camille.
Le 2 septembre 1922, la ville inaugure la statue de monsieur
Camille Pelletan en présence de Edouard Herriot. C’est au titre de député de la deuxième circonscription d’Aix qu’il doit d’avoir sa statue dans notre ville. Il lui avait, en effet, rendu plusieurs services, entre autre au moment de la reconstruction après le tremblement de terre.
Elle est réalisée en pierre de Cassis et le sculpteur est Auguste Carli. Elle fut érigée grâce à un comité chargé de recueillir les fonds nécessaires. Ce comité présidé par Julien Fabre, maire de Salon et conseillé général du canton obtient la somme de 10 000 F.
«Sculptée selon le caractère dominant de son modèle : virulent mais excellent orateur, possédant à fond la technique du discours…» (le Méridional
2 septembre 1971) : Ce n’est donc pas un homme en colère, mais un homme politique dans «le feu de l’action».
En 1964, la statue est déplacée, elle se trouve aujourd’hui place de
La Ferrage.
Un peu usée et couverte de mousse, la pierre mériterait peut-être un petit nettoyage ?
Salon l’appréciait beaucoup puisqu’on donna son nom à un boulevard : le cours Camille Pelletan (de la place Eugène Pelletan jusqu’au boulevard Jean Jaurès).
La statue devant le Cercle des Arts
La statue aujourd'hui
PLACE EUGÈNE PELLETAN avant 1922
Pas de statue
Merci à Madame Pelé des archives municipales pour son aide.
Mya
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