Archéologie: Entre mythes et réalités
Aurore Pierrier, la benjamine de notre association, n'est pas venue à la MVA, ce jeudi 17 décembre 2015, avec ses rangers, son treillis, son chapeau de baroudeur, ses pinceaux,… tout un équipement qu'on prête plus qu'abusivement aux archéologues. Elle était là pour parler à un public attentif du métier qu'elle a choisi, un métier qui trouve ses joies avant tout dans la recherche et la découverte de simples faits ou objets liés à nos ancêtres.
Du grec ἀρχαιολογία, science des choses anciennes, l'archéologie nait de la curiosité des voyageurs, puis au XVème siècle se développe au travers des "cabinets de curiosités". Les fouilles de Pompéi en 1738, puis les découvertes pendant l'expédition d'Egypte (dont la pierre de Rosette) sont des points forts du développement de cette science, comme en 1856 avec la fouille de Neandertal. Ce ne sont pas des inventions de trésors comme on en rêve dans les films d'Indiana Jones ! On y voit bien un côté "voyages", mais l'archéologie, c'est avant tout chez nous.
En 1960, la France prend conscience de la nécessité de protéger faisant naître une archéologie d'urgence : pour les grands travaux, des diagnostics peuvent mener à fouilles (Aurore nous indique qu'alors l'administration prend le dessus avec appel d'offres, etc.), puis un minutieux travail d'interprétation. Si les diagnostics permettent d'identifier un site exceptionnel, tout sera gardé en place. Pour le reste, on fera des relevés, des photos, des dessins – car l'archéologue est aussi un fin dessinateur.
En 2003, il est décidé que les "produits" des fouilles sont partagés 50/50 entre Etat et propriétaire du site.
On voit deux types d'archéologie selon qu'elle est préventive ou programmée. Cette dernière se fait avec une vision plus long terme, DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) ou SRA (Service Régional de l'Archéologie), collectivités appelant surtout des jeunes pour des contrats à durée limitée. Aurore connaît bien cela avec des travaux des quelques mois sur Martigues, en Camargue, par exemple. Pas évident de faire de l'archéologie son métier, passant de contrats en contrats…
Pourtant, il faut de longues études où se mêlent l'histoire, la connaissance des arts –les tableaux des maîtres peuvent donner des indications précieuses sur le climat d'une époque, par exemple– la connaissance des règles administratives, l'interprétation d'éléments infimes…
L'archéologie est aussi une science pluridisciplinaire. L'archéologue ne peut tout savoir ! On fera appel à des céramologues, à des spécialistes de numismatique, à des photographes (au sol ou en l'air d'où on peut découvrir que la Terre se souvient bien du passage des hommes et de leurs constructions), à des topographes… On aura besoin de spécialistes des animaux (archéozoologue) tout autant que de gens capable de déchiffrer les inscriptions (épigraphe), d'anthropologues… Je ne peux écrire ici tous les domaines que nous a révélés Aurore !
Loin de l'image de l'archéologue nettoyant chaque cm2 au pinceau, c'est aussi l'utilisation de moyens lourds avec des machines excavatrices, des travaux qui se passent aussi dans la boue, pas que dans le sable sec et chaud des déserts ! Il faut prendre des décisions sur ce qu'on peut enlever ou pas…
Cette conférence, fort bien menée malgré les avatars techniques liés aux micros (antédiluviens?), nous a permis de connaître un peu mieux un métier qui est un des éléments essentiels de la connaissance de notre Patrimoine. Un métier de passionnés.
Souhaitons qu'Aurore puisse l'exercer de la façon la plus stable et la plus sûre, dans une structure de gens responsables tout autant du futur que du passé.
Marc Brocard
Dans la galerie, vous trouverez quelques photos de la sortie à Glanum qui a fait suite à la conférence
Visite guidée de Glanum