Les oratoires (suite)

Voici déjà un an, nous avions visité en détail les oratoires du chemin du Val de Cuech, chemin des pèlerinages conduisant à la chapelle de Sainte Croix. Cela avait été pour nous l’occasion, avec l’aide des services municipaux, d’un grand nettoyage de l’environnement des deux oratoires Saint Côme et Saint Damien. Comme nous l’avions promis, nous revenons, cette année, entretenir et vérifier ce travail. Et, comme nous sommes courageux, nous allons élargir notre «chantier» à la partie suivante du chemin.



Cette partie ne comporte pas d’oratoire, mais les murs qui la délimitent sont en pierre sèche. Ils sont envahis de végétation et d’ordures, à nous de jouer !



Dans Salon, il existe d’autres oratoires qui ne jalonnent pas des chemins de pèlerinages et n’aboutissent à aucun sanctuaire. Leur usage religieux est incontestable, à la croisée des chemins, à la lisière des champs, humble édifice, ils sont une sorte de halte rustique, de prière qui abrite un culte familier. Foncièrement populaires nos oratoires de Provence sont liés à l’histoire des Saints souvent venus d’ailleurs mais qui se sont faits provençaux.



Dans les collines et en ville :
LES ORATOIRES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI



SAINT JEAN-BAPTISTE
Celui-ci a disparu, pas de chance pour commencer !

Il se trouvait à l’entrée du quartier de la Monaque, ancienne route de Cornillon à l’angle du chemin des Arnavons. Posée sur un mur, il s’agissait d’une stèle de pierre représentant en bas-relief le baptême du Christ. Il a survécu quelques temps à l’urbanisation du quartier, il n’a pas résisté à l’indifférence et au vandalisme. Il était encore en place en 1991…




En 1981 à gauche et aujourd’hui à droite


SAINTE URSULE

Il doit son nom au couvent des Ursulines installé en ville (Monoprix) Le couvent édifié en 1634 a compté jusqu’à 34 religieuses. L’oratoire construit au XVIIIème siècle se trouvait à l’entrée d’une propriété de la congrégation aux Basses-Viougues. Le propriétaire voisin, Monsieur Reynaud se différencia des autres Reynaud (patronyme très usité à Salon) en se faisant appeler Reynaud d’Ursule. Il a été maire de notre cité de 1870 à 1871 et de 1876 à 1882. Il a aussi été élu conseiller général des Bouches-du-Rhône. Ainsi une rue porte son nom à coté des cinémas.



Histoire de Sainte Ursule :

Histoire ou légende difficile à vérifier, voici ce que j’ai trouvé. Ursule, fille d’un roi chrétien Breton, vécut au IIIème siècle. Demandée en mariage par un prince païen elle dut s’enfuir avec quelques amies (vierges) et se serait rendue en pèlerinage à Rome. Pour venir ensuite à Cologne, elles se seraient embarquées sur un navire qui aurait fait naufrage sur les rives du Rhin, où les barbares Huns les auraient martyrisées. C’est à Cologne qu’elles auraient été enterrées et où Ursule est vénérée dès le XIème siècle. Elle fut reconnue comme la patronne des jeunes filles et des drapiers.



«Les Ursulines» est un ordre religieux créé en Italie en 1535. Il apparaît en France en 1586. Il se consacre à l’éducation des jeunes filles, aux soins des malades et des nécessiteux. les "Ursulines" sont chassées de leur couvent salonais en 1789 et les bâtiments sont saccagés. Grâce au premier maire, Jean-André DAVID, le magnifique retable du couvent a été sauvé, il se trouve maintenant dans notre belle église Saint Michel. Une première fois, en 1962, il avait été restauré par les «Amis du Vieux Salon» (Arch. Municipales recensement de 1981). En 1992 l’oratoire est déplacé au centre d’un rond point au quartier des Basses Viougues, une statue y avait été placée par les «Amis de l’œuvre catholique». Mais vandalisé lui aussi, cet oratoire a perdu sa protectrice.




Oratoire en 1981...



...et aujourd'hui.




NOTRE DAME DE BON VOYAGE

Le carrefour de l’Arceau a subi de nombreuses transformations : situé à l’entrée de la ville au bas des Allées de Craponne, deux arches enjambaient le boulevard. C’était un aqueduc qui amenait une partie des eaux du canal de Craponne. Une chapelle se trouvait sous l’une de ses arches : la chapelle Trossier construite au XVIIème siècle.



Cette chapelle a été déplacée en 1846 un peu plus au sud au carrefour du chemin du Vallon et de l’avenue Georges Guynemer. Elle est bénie en 1847 et s’appelle «Notre Dame de Bon Voyage» car elle accompagnait les prières des voyageurs venus l’implorer. En 1846, l’aqueduc est détruit et reconstruit afin d’obtenir une seule arche plus large pour faciliter le trafic. En 1956, un camion en dérapant est venu frapper dans le pilier de gauche pour terminer sa course à droite. L’aqueduc se fissura. Le 28 février 1956, l’aqueduc est définitivement détruit. A sa place fut construit un grand carrefour en surface. En 1966, une statue de Nostradamus (de François Bouché) est installée au centre du carrefour. En 1969, elle est renversée par un camion.



Lors de l’arrivée des Pieds noirs d’Algérie la chapelle reçut une statue de Saint Augustin, transférée de Bône.



En 1975, de grands travaux sont entrepris avec l’ouverture du boulevard Georges Pompidou et le creusement des tunnels. La chapelle a dû être détruite. Grâce à Pierre Lambert, les attributs de la chapelle sont protégés (Croix, bénitier, cloche, grille d’entrée, ex-voto). A la place de l’ancienne chapelle, grâce à Serge Jéhan, un oratoire est inauguré en 1982, mais il existe déjà dans la liste de Christian Kert en 1981. A cette date la niche était vide. Il abrite, actuellement, une statue de Vierge «Notre Dame de Bon Voyage».





ORATOIRE DU QUARTIER DE LA BORIE
Toujours dans la liste que Christian Kert effectuée en 1981 pour les « Amis des Oratoires du pays d’AIX » est signalé au quartier des Bories sur la route de Grans : «Il ne subsiste que la base d’un oratoire, à l’angle du chemin de la Borie et du chemin du Quintin.» Ce socle existe encore à cet emplacement, il est surmonté d’une croix en fer forgé. Je ne lui ai pas trouvé de dédicace.



L’ORATOIRE DU SAUVAGE

Situé au fond du vallon du Talagard, cet oratoire très rustique ne semble pas avoir de Saint protecteur. Je n’ai rien trouvé à son sujet, à part l’étude de monsieur Devys des «Amis du musée de Salon». A-t-il été déplacé ? Il est, lui aussi signalé dans le recensement de 1981 : il possédait, à cette époque une vierge et une grille de protection aujourd’hui disparues.
Toujours est-il que sa sympathique et robuste silhouette, dans le magnifique cadre de nos collines interpelle les promeneurs. Actuellement ce quartier semble complètement sauvage et abandonné. Qu’en était-il il y a deux siècles ? Des terrasses de cultures montrent que des activités agraires s’y développaient. Aucune chapelle ni lieu de culte aux alentours. Il ne semble pas indiquer non plus un carrefour de chemins. Mais il existe un grand nombre d’oratoires à la lisière ou au centre d’un champ de culture pour attirer la protection d’un saint sur les récoltes, pour protéger de la foudre, du feu ? ( ref : «Les oratoires de Provence» de Pierre Irigoin). Peut-être aussi, a-t-il été construit pour faire un vœu, par une famille ou une communauté ?
Au XVIIème siècle, il était fréquent d’en ériger en Provence pour protéger villes et villages de la peste et du choléra. Ils étaient le plus souvent dédiés à la vierge ou à Saint Roch.







L’ORATOIRE DE SAINT VINCENT DE SARAGOSSE

Il s’agit d’un oratoire privé placé dans sa propriété du Talagard , par Pierre Lambert le 22 AOUT 1993. Réalisé par Roger Mathurin, marbrier à Salon. Il est dédié à Saint Vincent de Saragosse (1355-1419) Martyr et patron des vignerons.
«Après l’émouvante bénédiction par le père Barral, les amis du maître des lieux participaient à de sympathiques agapes et, entre vigne et olivette, impeccablement entretenues, invoquaient le Saint afin que « à la saint Vincent le vin monte au sarment.»


(Stéphane Devys «Pays salonais 1994»).




Un autre oratoire privé nous a été signalé par Marcelle, une de nos adhérentes : il se trouve dans sa propriété, il n’a pas de dédicace. Il est peut être considéré comme une pièce décorative dans un jardin, mais il est certain que la famille y tient beaucoup et le respecte. Il est très bien proportionné, surmonté d’une croix, sa niche abrite… un Bouddha ! Il aurait été construit il y a une trentaine d’années, par les anciens propriétaires et est en pierre de pays.






Un petit livre très intéressant a été édité par les «Amis des oratoires du pays d’Aix» on y trouve un chapitre traitant des petites statues posées dans des niches pour protéger les maisons. On en trouve quelques unes à Salon dont voici quelques photos.







Cette «niche oratoire» se trouve sur la façade sud de l’horloge


Sans doute a-t-elle été disposée à cet endroit pour mettre la ville sous la protection de la Vierge Marie.



N’oubliez pas, à l’occasion, d’aller faire quelques pas au pied du Val de Cuech, Saint Damien et Saint Côme sont heureux d’avoir un joli paysage à vous faire découvrir !


MYA

lien vers le précédent article sur le sujet