La Bouvine et la course camarguaise

LA BOUVINE, qu’est ce que c’est ?


La bouvino, de qu’es acò ?


La bouvine reste un phénomène unique au monde !

Présente sur quatre départements (l’Hérault, le Vaucluse, le Gard et les Bouches-du-Rhône) elle fait partie du patrimoine de cette terre.

C’est l’histoire d’une relation millénaire entre l’homme et le taureau. On peut dire aussi que c’est un art de vivre qui a pris forme en 1904.

L’aspect le plus réputé de la bouvine est la COURSE CAMARGUAISE et c’est autour de cette tradition que nous allons voyager aujourd’hui.



ORIGINES
Les jeux taurins existent depuis la plus haute antiquité, surtout dans le bassin méditerranéen.



Chez nous depuis toujours (au moins depuis l’époque romaine) des jeux autour de divers animaux -lions, chiens, ours…- étaient organisés, le plus souvent autour des mas, distractions quelquefois cruelles. Des valets de ferme se mêlaient pour jouer, combattre avec des taureaux. Rivalité entre les hommes qui se défiaient par l’intermédiaire des animaux.

La plus ancienne course connue remonte en 1402 à Arles, elle a été organisée en l’honneur de Louis II Comte de Provence.

A la fin du XIXième siècle, les jeux s’organisent. On commence à fixer des objets aux cornes des taureaux (fleurs, foulards, rubans, cocardes … quelquefois des saucissons et autres victuailles !). C’est à cette époque que la race de taureau de Camargue acquiert ses «lettres de noblesse». Notamment grâce à Folco de Baroncelli-Javon, disciple de Frédéric Mistral, la Camargue, sa faune et son histoire sont redécouvertes. Rapidement des «plans» (arènes) deviennent ces lieux d’affrontements entre l’homme et la bête. Les jeux deviennent moins cruels. Dans les manades on range des charrettes en cercle et les arènes sont prêtes !

Les manadiers comprennent qu’ils peuvent tirer parti de ces jeux et améliorent la race de ces taureaux très combatifs.

Peu à peu on repère les taureaux de qualité, on les suit, on les «bichonne».
Rapidement on fixe des règles, des primes sont attribuées aux hommes passés maitres dans l’art du raset.



Une Fédération Française de Course Camarguaise est actuellement l’instance officielle qui règlemente l’ensemble des courses.

Depuis 1975 la course camarguaise est agréée et reconnue comme sport.
Chaque année un millier de compétitions sont organisées dans les quatre départements.





LA COURSE



Le lieu

Les arènes de fortune, faites de charrettes sont remplacées par de véritables gradins bâtis dont le pourtour est protégé par des barricades peintes en rouge. Les taureaux sont en attente dans le toril : c’est un lieu fermé où chaque taureau se voit attribuer un compartiment. Au dessus du toril se trouve la présidence, sorte d’estrade où se placent les juges et personnages importants invités au spectacle. Entre les gradins et la barricade se trouve la contre piste, ici peuvent se tenir les manadiers, les raseteurs et certains afeciounas

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Cette carte du pays d’Arles délimite le «pays des courses», mais aussi le «pays du costume» et le «pays de la langue : lou mistralen».

Le déroulement

Une course camarguaise se déroule selon un rituel immuable.

L’ABRIVADO : C’est l’arrivée des taureaux depuis leur lieu de pâturage. Aujourd’hui, ils arrivent en camion, mais pour perpétuer la tradition, les gardians traversent encore le village ou une partie de la ville en encadrant les taureaux. Les gardians sur leur monture encadrent le troupeau de taureaux et le lancent au galop pour échapper aux jeunes gens qui essaient de les faire s’échapper. Bien entendu ce jeu peut comporter des dangers et le non respect des règles de sécurité peut entrainer des risques.



Arrivés aux arènes les taureaux sont enfermés dans le toril.



LA CAPELADO : Les raSeteurs défilent sur l’air de Carmen, ils saluent le public et la présidence : Il s’agit du jury composé d’un président et de deux assesseurs qui veillent au respect des règles de la course, ils sont également chargés d’annoncer les primes.



Au premier coup de trompette la porte du toril s’ouvre et jaillit le premier taureau. Il s’élance dans l’arène, ébloui par le soleil, il dispose d’une minute pour s’habituer à la lumière et faire une reconnaissance des lieux.

La Présidence annonce le nom du taureau, le nom de sa manade et les primes liées aux attributs.



Au deuxième coup de trompette, les raseteurs entrent en scène. Grace à leur agilité et leur savoir-faire ils doivent essayer de se saisir des attributs du taureau. Pour y parvenir? le tourneur provoque l’animal pour le forcer à prendre une position qui permettra de le croiser. Le face à face favorable au raseteur lui permet d’attraper l’attribut.



LES ATTRIBUTS : Ce sont des objets fixés aux cornes et sur le frontal de la bête. Très règlementés, leur forme, texture, couleur et fixation suivent des règles précises. L’enlèvement des attributs se fait selon un ordre défini : la cocarde, les glands puis les ficelles. Pour parvenir à ôter ces attributs le raseteur utilise un crochet métallique. Une fois enlevés, ils sont comptabilisés ce qui permet aux raseteurs de totaliser des primes et des points.

Les primes sont offertes par les sympathisants des clubs taurins mais aussi par toutes les personnes qui le souhaitent.





Le taureau reste au maximum 15 minutes en piste. Une troisième sonnerie indique le retour du taureau au toril qu’il soit dépouillé ou non de tous ses attributs. On dit qu’il a couru «son quart d’heure».



Il arrive que le taureau refuse de rentrer au toril, on appelle alors le Simbèu : assez impressionnant, c’est un bœuf, conducteur de la manade avec une sonnaille autour du cou. Généralement le cocardier le suit et rentre au toril. Si ce n’est pas le cas un gardian vient menacer l’animal avec le fer (trident).



Une course ou RASET comporte six « combats » d'un quart d’heure. Après le troisième taureau, il y a un entracte d'un quart d’heure.

A l’issue de la course quelquefois une vachette est lâchée pour la jeunesse et les apprentis raseteurs.





LE RASET : Il s’agit de la technique employée par les raseteurs, en «rasant» le taureau pour lui arracher ses attributs. On peut dire que le raset se compose de 4 phases :



1° temps : Le tourneur, généralement il s’agit d’un ancien raseteur, par des gestes et des cris, attire l’attention du taureau pour bien le placer face au raseteur. C’est un temps de préparation où l’homme étudie son adversaire, il se met en position dans l’arène (le rond).


2° temps : Le raseteur démarre sa course et déclenche sa charge face au taureau

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3° temps : L’homme et la bête se croisent, c’est la rencontre. Avec son crochet le raseteur tente d’enlever les attributs.


4° temps : C’est la fuite de l’homme vers les barricades. Le bon COCARDIER (taureau de combat) poursuit son adversaire, et lorsque emporté par son élan et par sa vitesse, il engage la tête ou le poitrail au dessus des bois cette action s’appelle le «coup de barrière» : c’est la phase la plus spectaculaire qui soulève de grandes ovations et est saluée par la musique de CARMEN. C’est à ce moment que l’on assiste à des «envols» d’homme et de taureau par dessus les barrières… C’est le summum du sensationnel, ( !) de l’émotion qui fait se dresser le public sur les gradins (ça, c’est Jacques, le passionné, qui me l’a dicté… !!)








La BANDIDO : A la fin de la course, le taureau regagne sa manade, ses prés et ses congénères. La bandido est le retour vers le char (camion. Comme pour l’abrivado, il s’agit pour les gardians à cheval (là c’est un pléonasme, car un gardian est toujours à cheval !) d’accompagner la troupe de bióu au galop vers les prairies paisibles où ils vont jouir d’un repos bien mérité. Un quart d’heure de «travail» pour des jours de liberté dans les «verts pâturages».



Contrairement à ce qui se passe pour les corridas, il n’est absolument pas question de maltraiter physiquement le taureau. L’animal est une STAR ! Plus vénéré que les raseteurs : sur les affiches c’est bien visible, le nom des taureaux est écrit en plus grands caractères. Si l’animal est blessé au cours du raset, les raseteurs font signe à la présidence qui ordonne la suspension de toute action. Le manadier vient examiner son animal, et décide s’il poursuit ou non la course.



LA MUSIQUE : Nous l’avons vu, trois sonneries délimitent les phases du raset : il s’agit de l’Er di bióu
(l’air des taureaux).

Le Carmen, entrée de l’opéra de Bizet, marque un acte de bravoure de l’homme ou de l’animal. Lors de la prise des attributs ou d’un saut, ou autre…

Voilà pour aujourd’hui... Nous sommes (presque) prêts à aller assister à une course.

A bèn lèu !

Texte de MYA et Jacques ALBRE