Le vieux chemin du Cuech, ou chemin des oratoires
Beaucoup croient qu’il s’agit du lit d’un torrent en contre-bas de la route, mais non, entre deux murs en pierre sèche, il s’agit bien de l’ancien chemin qu’empruntaient les pèlerins lorsqu’ils accompagnaient les congrégations de pénitents blancs et bleus qui pendant des décennies montaient faire leurs dévotions à Sainte Croix.
Ils auraient été édifiés après la peste de 1720 qui avait fait de grands ravages dans la population. (voir Maurice Court «Très riches heures de Salon et de son terroir» p. 120)
Déplacés, vandalisés, oubliés dans la végétation, ces petits vestiges du passé n’en demeurent pas moins les témoins de notre histoire locale, il était donc nécessaire de les remettre en valeur, eux qui s’accordent si bien à nos paysages provençaux.
Dans l’ordre voici les noms des Saints auxquels ils étaient dédiés :
Saint Joseph, patron des travailleurs manuels était invoqué par toute la population en tant que père nourricier de Jésus et protecteurs de nombreux métiers.
Petit édifice de pierres de briques et de tôle, n’est-il pas attendrissant ? Ne mériterait-il pas un peu de soins et d’attention ? Une petite plaque pour expliquer ce qu’il est…
C’est le premier oratoire rencontré par les pèlerins. Première halte pieuse de bon matin après avoir assisté à la messe à saint Michel. Il n’est pas très beau, on le prend pour un barbecue (!), il est régulièrement tagué et souillé. Plusieurs fois déplacé, il était à l’origine inclus dans le mur de Saint Léon, domaine appartenant à la famille de Suffren jusqu’à la Révolution.
C’est d’ailleurs auprès de cet oratoire, nous raconte Louis Gimon, que les Salonais sont venus accueillir en masse le Bailli de Suffren, le 26 mars 1784 (Retour triomphal de ce héros national qui avait passé sa petite enfance au château de Richebois).
Saint Côme
Déplacé, lui aussi, à cause de la construction du canal de l’E.D.F. (1960) et de l’élargissement de la route. Il se retrouve dans la végétation avec son voisin Saint Damien au pied de la route du Val de Cuech. Cette route construite en 1864-1865, reliant Salon à Aurons n’était, avant, qu’un chemin sinueux ; et on imagine aisément ces pèlerinages, ces cheminements pieux qui avaient l’apparence d’une escalade vers Sainte Croix.
Saint Côme et Saint Damien (Légende ou histoire vraie ?) frères jumeaux, chirurgiens et martyres du IIIème siècle sont invoqués par les rhumatisants et malades des jambes.
Dans cet oratoire on trouve actuellement des signes de dévotion : bougies, croix, images pieuses ce qui prouve l’attachement de quelques fidèles à ce Saint.
Dans les années 1970, l’association des «Amis du Musée de Salon et de la Crau» avait obtenu un débroussaillage, nettoyage du secteur, il est dommage qu’il n’y ait pas eu un suivi régulier. En 1994 monsieur Devys lui aussi parlait d’un projet d’aménagement paysager en cours qui aurait grandement amélioré cette entrée de la ville. Cela fait plus de 20 ans et tout est à refaire…
Saint Damien
Inséparable de son frère, il tourne le dos à la route. Lui aussi est invoqué par les rhumatisants et les estropiés. Comme son jumeau il est construit en pierre de Salon de simple facture, la voute intérieure de sa niche est travaillée en ogives de la même manière que celle de Saint Côme. A la base de son socle, à gauche, se trouve une croix profondément gravée dans la pierre.
Saint Roch
(à l’entrée du lotissement Sainte Madeleine)
Cet oratoire aussi a été déplacé et même reconstitué par l’association des «Amis du musée et de la Crau»
Saint Roch, à qui il est dédié, était le patron des cordiers et des peigneurs de chanvre, il était surtout le Saint des pestiférés. Lui-même atteint de cette terrible maladie avait été sauvé par son chien. Particulièrement vénéré à Salon on retrouve dans la collégiale Saint Laurent une grande verrière représentant diverses étapes de la vie du Saint (voir le travail de Marc Brocard sur les vitraux de Saint Laurent). Le cimetière Saint Roch construit à l’emplacement de l’ancienne infirmerie Saint Roch où étaient soignés et mis en quarantaine les malades. De 1720 à 1722 la « grande peste » fait des ravages dans notre ville : 932 personnes périssent du fléau alors que la population en 1716 était de 4 185 habitants (CF. Christiane Delaval). Aujourd’hui il est tagué sur son côté droit.
Il aurait côtoyé une croix érigée en 1856 pour honorer un médecin mort dans l’exercice de ses fonctions. (Le docteur Baret). Vandalisée une première fois, la croix de pierre avait été remplacée par une croix métallique, aujourd’hui tout semble avoir disparu.
Saint Jean (à l’entrée du chemin de la Chèvre d’or)
Saint Jean, patron des bergers, des couteliers, des tonneliers, des notaires, des moutons et, en général des bêtes d’élevage, est invoqué contre l’épilepsie, des convulsions des enfants
Restauré en 1935 par les «Amis du vieux Salon» (Jean Blanchard). Il est renversé par un camion en 1961. Monsieur Cintolesi, marbrier à Salon, le reconstruit gratuitement la même année. (Chapus, Passelaigue, Vialat).
Sainte Anne (c’est le dernier oratoire ; il se situe à l’entrée du chemin de l’argilière)
Mère de la vierge Marie, Anne était longtemps restée stérile. Exaucée, elle a eu 3 filles. Invoquée par les femmes qui craignaient la stérilité, elle est célébrée le 26 juillet.
On la prie aussi lors des accouchements difficiles.
Avant, ce chemin s’appelait « chemin de l’ermite », les pèlerins l’empruntaient pour accéder à Notre Dame du Cuech.
Cet oratoire se trouve à l’entrée de l’hostellerie de Sainte Croix mais il a sans doute été déplacé et n’est sans doute pas originaire de Salon.
Cf. le travail de Christiane Delaval sur le mauvais emploi du nom de "Sainte Croix". Ce bâtiment qui n’a jamais été une abbaye possède une chapelle : Notre Dame du Cuech.
M. Mayol
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